Franpi Barriaux. CitizenJazz 15/12 2024 shorturl.at/zIFx2
Improvisateur infatigable et apôtre du Do It Yourself, la seule voie que l’art ait trouvée pour être intégralement libre, le multi-instrumentiste Henri Roger revient régulièrement proposer une musique sensible et raffinée, fruit de la passion de l’instant et d’une pratique diversifiée, comme nous l’avait montré le bruitiste "Untranslatable Signs" paru l’an passé, entre électronique et percussions.
La grande affaire d’Henri Roger, c’est le piano. On se souvient de son magnifique Géographie des transitoires, enregistré avec Jean-Marc Foussat sur le label de ce dernier, en 2017. L’approche du piano de Roger est sensible, assez impressionniste, ne cherchant pas la dimension percussive du clavier ; une démarche relativement concertante qui le rapproche de la musique écrite occidentale, ce qu’il va de nouveau nous montrer avec ce récent solo Gestes et Chemins, comme une façon de retrouver son chemin vers le piano. Il peut être tortueux et abyssal dans « Gestes et Chemins pt 3 » où le pianiste s’arrime à un propos complexe ou au contraire suivre une voie plus cristalline dans sa « pt 6 » où la main droite pérégrine avec une insistante légèreté.
Dans tous les cas, Henri Roger signe avec Gestes et Chemins un imperceptible mouvement en hommage au dodécaphonisme, tout son solo étant tangenté par des idées et des couleurs transfigurées par la seconde école de Vienne. Ce disque est surtout pour Roger un retour du fils prodigue vers le piano, qu’il avait délaissé ces dernières années. Il nous conte ici une histoire d’amour et de retrouvailles, avec la volonté de retrouver le mouvement de l’artisan et les itinéraires de la carte du tendre, le temps d’un tête-à-tête plein d’émotion.
Modifier cet article