Duo Barre Phillips et Henri Roger : "Friche".
Photos : Gérard Demonchy
L’album : "No Meat Inside" est né d’une rencontre au festival "Jazz sous les bigaradiers" de La Gaude, près de Nice en novembre 2012.
Henri Roger (piano) a invité Barre Phillips (contrebasse), Emmanuelle Somer (hautbois et saxophone mélodie) et François Cotinaud (saxophone ténor et clarinette).
Ils ont saisi au vol leurs improvisations pour un CD sur le label Facing You / IMR.
La pochette est de Anne Pesce.
Distribution Musea. Souffle Continu. Les Allumés du jazz.Improjazz.iTunes
La convivialité du club So What qui les a accueilli dans une chaude ambiance bondée a sa part de responsabilité dans l’inspiration de cette performance bruitiste, sauvage, poétique et libre.
Duo Barre Phillips et Henri Roger : "Friche".
Photos : Gérard Demonchy
Anne Pesce
Epars
Friche
Space Inside
Ocres
Tribulations mandibulaires
Drunk Track
Ressort
François COTINAUD – Barre PHILLIPS – Henri ROGER – Emmanuelle SOMER : "No Meat Inside"
Depuis qu’il s’est lancé dans l’aventure d’un nouveau label, Facing You en association avec les rhône-alpins d’IMR, le "sudiste" Henri Roger ne s’arrête plus ! Avec cette troisième référence, entièrement consacrée à l’improvisation, il propose la trace sonore d’un concert qui a réuni quatre experts de l’impro. Ça s’est passé à La Gaude, près de Nice en novembre 2012 dans un de ces lieux essentiels pour entretenir le feu du jazz, le club "So What". À écouter les yeux fermés en imaginant tout ce qui a pu se tresser en direct entre les quatre protagonistes… Musique vivante, évidemment !
Facing You & IMR 003 / Musea
Pris sur le vif (La Gaude, 12 novembre 2012) et jouant sur le vif, François Cotinaud, Barre Phillips, Henri Roger et Emmanuelle Sommer ravivent quelques habitudes et s’appliquent à en défaire quelques autres.
Entre eux, quelque chose passe puis se rature. Entre eux, il y a gifle ou caresse. Il y a donc les habitudes et les turpitudes. Il y a les évidences souvent à la charge des duos (piano-contrebasse, saxophone-piano). Et ce sont là, excès de fièvres et emballements sinueux de toute beauté. Et puis, il y a ce qui se cherche, ce qui résiste, ce qui ne se trouve pas. Ce pour quoi l’improvisation existe. Maintenant s’élèvent caquètements, irruptions, unissons détrempés, discrétions et prise de becs. Le hautbois tresse quelques fines nattes de sons, une note de contrebasse ouvre le chapitre, un souffle berbère surgit, des appeaux-embouchures fredonnent l’inutile… L’improvisation tout simplement.
Luc Bouquet.Le Son du Grisli.
This live documentation of an ad-hoc French free improvising quartet was done at the festival Jazz sous les bigaradiers at La Gaude near Nice in November 2012. The friendly atmosphere of the club So What as well as the warm reception of the audience inspired the quartet for this noisy, wild, poetic and free performance.
The quartet is comprised of highly experienced free improvisers : reed players François Cotinaud— who collaborated before with saxophonist Steve Lacy, double bassist Joëlle Léandre and drummer Ramón López— and Emmanuelle Somer— who recorded with musicians from all over the globe, such as cellist Erik Friedlander, drummer Jim Black and sound sculptor Otomo Yoshihide ; innovative double bassist Barre Phillips ; and self-taught musician Henri Roger, who focuses here only on the piano. All four are well-versed in the demanding art of playing and creating in the moment, masters of extended techniques on their instruments and proficient in sculpting sounds into nuanced textures.
The interaction is intense (even in its minimalist articulations) and free flowing from the first note till the last, but never aggressive or muscular. Nothing is obvious and there are no rules or any attempt to draw an easy-to-decipher musical structure, though there are obvious references to chamber jazz, free jazz and contemporary music. There is a bold and uncompromising focus on creating something new that can not be formulated into any conventions or recipes for future performances. A simple meeting of like-minded creative and inventive minds, playing with sounds, colors and feelings.
The interplay is built patiently. At the first moments all four are exploring their own sonic possibilities within the quartet. But later they expand this delicate sonic envelope, even in its most spare or noisy parts of this performance, always sensitive to the others contributions, slowly solidifying their shared sensibilities and languages.
Indeed, a wild and poetic free improvisation.
Eyal Hareuveni.
Nous l’avions déjà évoqué dans l’année, en juin, au coeur de la Laponie, le pianiste -et guitariste- Henri Roger fait partie de ces personnalités atypiques qui font aimer encore plus les musiques de marge, car ils sont la certitudes d’une forme d’infinitude de la découverte.
De certitude de ne pouvoir tout connaître. Quelle joyeuse perspective…
Ca pourrait peiner de voir une montagne d’inconnu et de ce dire qu’on aura jamais assez de temps terrestre pour tout entendre ; on peut le voir autrement : quelle allégresse de ce dire qu’il reste encore tant d’inconnu.
Et quel ennui serait-ce de se persuader de tout connaître !
Mais revenons à Henri. Ce garçon a une impressionnante propension à réunir autour de lui des pointures, comme disent ceux qui aiment la musique de la Halle aux Chaussures. Constatez par vous mêmes : Tocanne, Duboc, Lasserre, Lesbros… Ca continue dans ce très beau No Meat Inside, un quartet sans batterie lancé dans une libre improvisation à la fois chambriste et farouche.
On y retrouve rien moins que Barre Phillips. Barre Phillips. Je ne sais pas s’il y a assez d’épithètes pour dire tout ce que ce musicien a apporté à la musique improvisée. Peut être suffit il de l’écouter, au coeur de "Friche" sur cet album…
Que dire de plus sur ce fantastique contrebassiste ? Son jeu d’archer, profond et plein de poésie fait des miracles dès "Epars" qui ouvre l’album. Quand le piano de Roger frappe, tonne, va chercher sur le cadre de bois de son piano quelques sons inusités dans "Space Inside" qui constitue le coeur de cette rencontre, le contrebassiste est un roc qui ébrèche la masse du silence et offre toutres les possibilités à ses comparses pour le contourner.
Car au sein de ce quartet, on retrouve également deux musiciens du Klangfarben Ensemble, François Cotinaud et Emmanuelle Somer. L’échange entre Cotinaud et la formidable oboiste est le moteur de ce No Meat Inside. Ils se heurtent sans s’affronter, se caressent et se contournent.
Ce frottement continuel entraine la formation dans différents paysage où la quiétude n’est qu’une apparence. A tout moment, le ton du quartet peut bondir pour devenir nerveux et instable, et le ténor de Cotinaud comme le C-Melody de Somer peuvent jaillir d’un temps qui paraissait faible. Ils entrainent le piano dans des dédales et des friches inexplorées où l’humour n’est jamais loin. Voir ainsi les soudaines accélérations rageuses que l’on découvre dans "Drunk Track".
Il est palpable cet humour et cette complicité qui anime le quartet dans cet enregistrement public au club So What, près de Nice, dans le cadre du festival Jazz Sous les Bigaradiers. Dans les échanges entre Barre Phillips et le pianiste, les mots échangés, les interjections, les rires parfois on perçoit que ce goût pour l’mmédiateté est décuplé du fait de la présence du public proche, palpable, et lui ausssi complice.
N’en déplaise aux amis végétariens, No Meat Inside, qui parait sur Facing You, division de l’excellent label IMR de Bruno Tocanne, ne tient pas du manifeste anti-viandards. S’il n’y a pas de viande dans ce quartet, ce n’est pas non plus parce qu’il serait cacochyme ou nourri au sang de navet.
No Meat Inside, ce n’est pas la peau sur sur les os. Ce serait plutôt la viande nerveuse et rablée d’un félin véloce. Le genre qui ne se laisse pas croquer et qui se plait à compter vos abattis. Elle rugit même, parfois cette musique, dans un bel unanimisme avant d’en revenir à un grognement de contentement pour clore l’album sur le bien nommé "Ressort".
Voilà un disque à l’image de ses musiciens. Diablement joueur.
Sun Ship
Aux végétariens de l’impro, cet album garanti sans conservateurs permettra de s’en payer une bonne tranche. Tranche de vie, échantillon d’un épisode s’étant tenu en un certain lieu, une certaine compagnie, à une certaine date - Jazz sous les bigaradiers, club So What, La Gaude, 12 novembre 2012 pour ne rien vous cacher.
Un moment que l’on n’a pas nécessairement eu la chance de partager, mais que l’on peut désormais faire résonner dans son salon grâce à l’initiative du clarinettiste d’en garder la trace, une trace à l’étai brut, sans retouches superflues. Voilà donc la chose restituée dans toute son authenticité sur le label du pianiste, avec une pochette d’Anne Pesce, qui signe aussi celles des CD « Siderrances « du double duo Akchoté / Roger, « Parole Plongée » du simple trio Duboc/Lasserre/Roger, et des vinyles « Exsurgences « en solo et « When Bip Bip Sleeps » en quartette ( Pesce réalise aussi les vidéos qui constituent le DVD accompagnant le LP « Exsurgences »), le tout donnant une réelle identité stylistique à Facing You. Qu’a-t-on à se mettre sous la dent ? Une séance d’impro classique, à la loyale. Pas de rythmes délinées mais un sens de la mesure. Pas d’approche extrémiste, façon déflagration perpétuelle ou pelotage du silence. La muse collective convoque plusieurs humeurs successives et autant de phases musicales (tâtonnements, agitation, euphorie, dans le désordre et selon plusieurs nuances) en n’excluant rien, même pas l’humour. Une fois de plus, Barre Phillips régale l’auditeur de son jeu philanthropique. l’exploration texturale trouve à s’épanouir ici et là sans être une fin en soi.
Quelques éclats de voix non indentifiés émaillent les débats.
L’ambiance conviviale perçue pas les artistes lors de cette soirée est gravée sur la bande, après avoir influencé le déroulement des opérations : pouvoir de l’interaction relationnelle, de la présence active d’autrui, que l’écoute du disque ne remplace pas mais dont la concrétion témoigne à nouveau de la pertinence. En fin de course, un « Ressort » très enlevé exemplifie tout ce que l’on aime retrouver dans la musique improvisée. Un album pas viandrad, mais néanmoins charnu. David Cristol. Improjazz n° 210 novembre-décembre 2014.
Unlike musicians in other European countries who have developed extensive international contacts, most French improvisers are part of an entity unto themselves. Perhaps this relates to a time from the 1950s to the 1980s where expatriated American performers seemed to take up an inordinate amount of space in the French Jazz consciousness. Sadly that means few Gallic free players are known beyond their own borders
All of which is long preamble to question as to why a high-quality session like No Meat Inside, created by a quartet of veteran French-based improvisers, is unknown in North America. Recorded at a festival, the CD’s seven tracks offer up matchless glimpses of a particular brand of French improvisation. The tunes are more animated by the aleatoric discoveries of New music than the legacy of Free Jazz. At the same time it’s hard to only wave the tri-color flag in terms of this session. For a start bassist Barre Phillips is a Yank, but considering he has lived in France for nearly a half-century, describing him as an American is analogous to circa 1940, describing long-exiled Stravinsky as a Russian. Emmanuelle Somer, who plays oboe and C-melody saxophone here, has both French and Dutch citizenship, while tenor saxophonist and clarinetist François Cotinaud plus pianist Henri Roger are both from Monaco. Indicating geographical roots is one thing, but the key to No Meat Inside is that among the four, affiliations range from saxophonists John Surman and Urs Leingruber, to bassist Benjamin Duboc, the Helios Quartet, the Soundpainting Orchestra, the Klangfarben Ensemble, plus drummers “Brat” Oles and Ramon Lopez.
Consequently with this radical confluence of experience and textures, the quartet evolves uncommon affiliations and contrasts. With Phillips’ power pumping and Roger’s jarring note patterns tunes often are built up from the bottom with the horns using extended techniques to keep up. Other times pieces depend on florid expansions from singular ; and still elsewhere novel contrapuntal duos are set up. A piece such as “Ocres’ for instance, attains its polyphonic shape by matching pounding keyboard with reed smears that include wide, early Jazz-like whinnies from the C-melody and focused tenor saxophone reed bites. As the strands intertwine, Roger exposes the pliable thematic line. Profoundly dissimilar is “Friche”, which hints at Bop, with Phillips hammering on his strings as if he emulating Kenny Clarke rather than a bull fiddler and Rogers extending backwards swing motions that distantly relate to Bud Powell. Completely divergent “Tribulations mandibulaires” reverberates as if is a concerto for plastic horns, with spitting peeps and narrow whistles inferring the sounds of penny whistles and kazoos, wrapping up with nasal overblowing and no rhythm section input.
After brainstorming many improvisational scenarios, the last “Ressort”, which actually refers to spring or spirit, sets up double counterpoint between bass pumps and honking saxophone on one hand and vibrated keyboard plinks accompanying a so-called moderato legitimate tone from the clarinetist. As the horn tones lighten and rhythm section become more percussive, the climax is a congenial timbral mixing, limpidly swaying, but with no overt relations to American Jazz, free or otherwise.
Jazzword—Ken Waxman.